Ouest France : lundi 19 janvier 2004
Entre 100 et 150 manifestants dans les rues samedi
A l’appel d’organisations nationales, une centaine de manifestants a défilé contre une loi interdisant le port du voile, samedi en début d’après-midi dans les rues du centre-ville. Sans l’encadrement des forces de l’ordre, curieusement absentes.
Pas un policier de la sécurité publique en uniforme. Tout juste deux motards municipaux au départ et un autre de la police nationale après l’arrivée du cortège devant la préfecture. L’encadrement et la sécurisation de la circulation n’ont pas été assurés, samedi après-midi. Surprenant. Visiblement, la manifestation des musulmans n’était pas assez ostensible. Vers 14 h 30, entre 100 et 150 personnes ont répondu à l’appel de l’association islamique et culturelle du Calvados (AICC).
L’organisation religieuse basée à Hérouville relayait ainsi l’invitation nationale de l’Union des organisations islamiques de France. Objectif : protester contre une loi qui interdirait les signes ostensibles ou visibles. Et empêcherait le port du voile à l’école.
« Les musulmans tirent le signal d’alarme, lance Khalid Mounir, secrétaire général de l’AICC. Selon lui, ce n’est pas le voile qui est visé mais la présence musulmane. » A côté, un homme d’une autre communauté dénonce une « loi répressive » et liberticide. « On touche aux droits de l’individu, critique Mohammed. De la même façon, il faut condamner tout acte forcé pour le port du foulard. A l’université, ma fille ne porte pas le foulard. »
Bien sûr, on pourra s’étonner de trouver, au point de rendez-vous fixé au pied de la tour Leroy, deux groupes distincts. L’un composé des hommes dont certains ont assuré le service d’ordre, l’autre, des femmes presque toutes voilées, souvent perdues au milieu du cortège. Mais l’absence des forces de l’ordre a fait tâche.
D’ailleurs, au moins à deux reprises, on a frôlé l’incident, voire l’accident. Quand le cortège se présente au niveau du Théâtre, boulevard du Maréchal-Leclerc, l’un des manifestants qui assurent la circulation se fait rouler sur les pieds par un automobiliste irascible. S’en suit une courte altercation qui ne dégénère pas. Un peu plus tard, devant la préfecture, un automobiliste visiblement agacé manque de faucher une des extrémités du groupe où se trouvent manifestants et journalistes.
Que fait la police ? Apparemment, autre chose. « Peut-être que les policiers étaient mobilisés sur d’autres manifestations, se risque Philippe Girodel, chef de cabinet du préfet, joint par téléphone. Les effectifs sont à flux tendus. Ils se concentrent sur l’urgent, le plus pressé. » Quels événements ? A part le match de football du soir, pas grand-chose à l’horizon. Reste que l’absence des forces de l’ordre a donné un argument en or aux manifestants qui ont remarqué qu’il y avait « quelque chose d’anormal ».
Josué JEAN-BART.