L’association Bras ouverts, qui gère le lieu cultuel et culturel de la Guérinière, n’a pas attendu la fin du Ramadan pour évoquer le sujet. Mercredi soir, un repas festif a rassemblé pratiquants et invités.
Reportage

L’Aïd el-Fitr n’interviendra pas avant dimanche ou lundi, selon l’observation lunaire. Mais mercredi soir, dans une vaste salle de l’ancien collège Guillaume-de-Normandie, l’ambiance avait pris des airs de la fête musulmane marquant la fin du jeûne du mois du Ramadan. Longues tablées de convives ; défilé de mets salés et sucrés concoctés avec soin et savoir-faire ; mélange coloré et culturel d’hommes et de femmes de tous âges, originaires de divers pays…

« A la Guérinière, insiste un Caennais d’origine égyptienne, la communauté musulmane est très solidaire. » Et porte en elle une volonté d’ouverture. Un maître mot, presque un slogan pour l’association Bras ouverts, à l’origine de cette soirée à messages.

Créée en 2006, Bras ouverts gère le lieu cultuel et culturel situé dans un local de 70 m2, au rez-de-chaussée d’une des trois tours HLM de l’avenue de la Concorde. Elle compte quelque 300 membres. Les familles adhérentes habitent pour l’essentiel dans les quartiers de la Guérinière et de la Grâce-de-Dieu, et dans les communes environnantes.

« La situation est difficile pour la pratique de notre culte et des diverses activités proposées à nos enfants », a rappelé le secrétaire et porte-parole de l’association, Abdel-Hafid Ramdani. La salle de 70 m2 est trop exiguë. Les murs de l’ancien collège Guillaume-de-Normandie, qui sert de lieu de rassemblement pour les grandes fêtes, vont bientôt tomber pour une réhabilitation urbaine du site. « Pourquoi n’arrive-t-on pas à pratiquer notre religion dignement ? Les mentalités ont beaucoup changé. La société aussi. Il n’y a pas d’obédience ici. Il est temps de faire autre chose. »

« Des petites salles comme des champignons »

L’intervention d’Abdel-Hafid Ramdani n’est pas anodine. Parmi les invités de ce repas festif : le député-maire, Philippe Duron, et la première adjointe, Corinne Féret. Cette élue avait déjà eu l’occasion d’évoquer le problème avec les Caennais musulmans fin juin. Depuis, plusieurs rencontres se sont produites avec la mairie.

« La ville de Caen a de belles églises, une belle synagogue, un beau temple protestant… Il est peut-être temps qu’une mosquée voit le jour sur le territoire caennais », a ajouté Gilbert Marie, secrétaire de la Ligue des Droits de l’homme de Caen, selon « les principes de la République laïque ». L’association travaille ardemment sur le sujet, ouverte « à toutes propositions, a indiqué Abdel-Hafid Ramdani. Si nous ne faisons rien aujourd’hui, on verra fleurir des petites salles de prière comme des champignons. »

Le maire se dit prêt à avancer pour « trouver des solutions à la fois suffisantes, qui permettent à la communauté musulmane de se sentir bien dans sa ville ». Mais « édifier une mosquée est plus difficile que de trouver des locaux à court terme ». Les musulmans ont enregistré le message. Et espèrent que « des perspectives raisonnables seront dessinées » d’ici l’an prochain.

Nathalie HAMON.
Ouest-France

Source : www.caen.maville.com