A Hérouville-Saint-Clair, les travaux démarrés en 2006 traînent en longueur. L’association à l’origine du projet compte sur l’élan du ramadan, en cours.
Tant bien que mal, la mosquée d’Hérouville sort de terre. Tout doucement, à son rythme. « Comme les cathédrales au Moyen Age », observe Fabrice Poulain, chef des services du cabinet à la préfecture du Calvados. Plus pour établir un parallèle avec la lenteur des travaux que par analogie avec cette époque. Le bâtiment présente encore des façades aux parpaings apparents, couleur de béton brut.
Le chantier avance au gré des dons. « Au coup par coup. Tout sort de la poche des fidèles. Grâce aux collectes de l’an dernier, nous avons financé la construction des annexes et les menuiseries », rappelle Hassan Safoui, président de l’Association islamique et culturelle du Calvados (AICC). Une entreprise vient de réaliser les travaux d’étanchéité du toit. La salle de prière de près de 900 places ou le minaret avaient été édifiés dès les débuts.
220 000 € l’année dernière
Pour l’année qui vient de s’écouler, la collecte a atteint 220 000 €. Dont 120 000 € pour le seul mois de ramadan, l’an dernier. Un montant qui sera encore l’objectif cette année encore, selon Hassan Safoui. « Depuis que la collecte a été institutionnalisée, dans les années 2000 nous avons récupéré 780 000 €. La plus grande partie depuis 2004, à partir du démarrage du projet. » Le président de l’AICC souhaite tenir la cadence. « On a fini le gros oeuvre, il reste les finitions : l’électricité, le chauffage, la plomberie. »
Mais la prudence reste de mise : « Ça peut aller très vite comme ça peut aller très lentement », nuance en bon normand Hassan Safoui. Qui se souvient de « la lassitude, l’attente, l’empressement, avant le projet ». C’était l’époque des « collectes épisodiques ». Elles ont alimenté le rêve, bien plus qu’une réalisation concrète.
Cette fois, le cap est tenu. Tout le monde y concourt, à son niveau. Même le maire d’Hérouville, Rodolphe Thomas (MoDem), dont le projet de financement d’un centre culturel adossé à la mosquée n’a pas passé le mur de la loi de 1905 de séparation des cultes et de l’État. « Tout ce que je souhaite, c’est qu’ils puissent trouver les moyens de finaliser le lieu de culte, d’ici un an et demi à deux ans. Là où ils sont actuellement, ce n’est pas un endroit digne pour accueillir les fidèles. »
Même son de cloche à la préfecture où l’« on suit le dossier », puisque le ministre de l’Intérieur est aussi celui des cultes. « L’État y est sensible, confirme Fabrice Poulain. La communauté musulmane est importante et la religion doit être exercée dans de bonnes conditions. Cette mosquée est nécessaire. Mais ça reste une affaire interne dans laquelle on n’a pas à s’immiscer. »
Reste un petit bémol : « Le projet est peut-être un peu trop ambitieux, mais je reste confiant », souligne Rodolphe Thomas. « On a voulu créer un élément du patrimoine, avec une touche orientale. Les fidèles adhèrent à ce choix », coupe Hassan Safoui. « Elle sera une référence dans la région », promet Khalid Mounir, délégué du Conseil régional du culte musulman. Quand la construction sera achevée.
Josué JEAN-BART.
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