mercredi 12 février 2003
L’Aïd-el-Kebir célébrée à Caen et Hérouville depuis hier et pendant trois jours
Les fidèles des mosquées de la Guérinière à Caen et d’Hérouville-Saint-Clair ont célébré, hier, la première journée de l’Aïd-el-Kebir. Venus de Caen et de toute l’agglomération, ils se sont réunis sous l’église du quartier et à la Fonderie pour la grande prière. La « grande fête » s’est poursuivie en famille et entre amis, comme le veut la tradition.
On l’appelle communément la fête du mouton. L’Aïd-el-Kebir littéralement « la grande fête » a démarré mardi dans l’agglomération caennaise.
« L’Aïd-el-Kebir, grande fête ou selon la terminologie originelle Aïd-al-Adha, fête du sacrifice, commémore le sacrifice du prophète Abraham, rappelle Hassan Safoui, vice-président de l’Association islamique et culturelle du Calvados (AICC). Elle correspond aussi à la fin d’une période spirituelle très importante pour les musulmans. Celle-ci débute avec l’Aïd-el-Fitr, fête de fin de jeûne, et s’achève en même temps que le pèlerinage de La Mecque. »
Reproduisant le geste du prophète commun aux trois grandes religions monothéistes, les musulmans achètent ce jour-là un mouton qu’ils sacrifient selon des règles strictes, pour des questions d’hygiène. « Nous devons passer obligatoirement par des abattoirs agréés. Un sacrificateur de la mosquée d’Hérouville a été délégué à l’abattoir de Lisieux à cet effet », explique Hassan Safoui. La viande est saignée selon le rite.
Deux mois et dix jours
Deux mois et dix jours après la fin du Ramadan, les fidèles se retrouvent donc pour un grand moment convivial. « C’est le jour du pardon, de la réconciliation et de partage », insiste Mohamed Thalaoui, vice-président de Libertés et croyances, une association qui réunit des croyants musulmans, mais aussi chrétiens et juifs. « D’ailleurs, un tiers de la viande est donné aux nécessiteux, un autre tiers est offert à la famille et aux amis, le reste est dégusté lors de réunions familiales. » Elle sera servie en brochettes, coucous, tagines et autres plats typiques.
Cette notion de solidarité est omniprésente dès les premiers instants de l’Aïd-el-Kebir. Dès la grande prière du matin qui s’est tenue simultanément, à 8 h 45 mardi, à la Fonderie à Hérouville-Saint-Clair et à la mosquée située sous l’église de la Guérinière, « faute de salle, remarque Mohamed Thalaoui. Nous espérions avoir celle du presbytère, près de notre salle de prière. Mais cette tentative a échoué ». Résultat : « Des gens ont été obligés de prier dehors, d’autres ne sont pas restés », déplore Abdel Malek, 59 ans.
« Se retrouver en famille »
Cet habitant de la Guérinière vient de rendre visite à une personne en situation précaire. « Je lui ai apporté un peu de viande et des invités sont passés me voir », raconte-t-il. Dans l’esprit de cette célébration. « C’est l’occasion de se retrouver en famille et c’est très important de donner l’aumône », rappelle Mourad, un jeune Hérouvillais. Comme le mouton, les gâteaux et le thé à la menthe sont savourés pendant trois jours. Moins longtemps qu’au bled. « Au Maroc, l’Aïd-el-Kebir dure une semaine », regrette Safia, étudiante à Caen, pour la première fois en France pendant cette fête.
L’Aïd-el-Kebir figure en bonne place sur le calendrier musulman. « Elle est comparable à Noël », souligne Mohamed Thalaoui. « On offre des cadeaux aux enfants, des habits neufs, on leur donne de l’argent de poche pour qu’ils puissent s’acheter des confiseries », détaille Chaib, 50 ans, en visite chez des amis à Fleury-sur-Orne.
Seule ombre au tableau : un délai d’attente particulièrement long pour la livraison des moutons et une flambée des prix des bêtes. Ce qui n’a pas empêché l’organisation d’une fête pour les plus nécessiteux et les étudiants à la mosquée d’Hérouville avec quatre ovins achetés à cet effet.
source : ouest-france.fr