Dans quelques jours nous allons accueillir le mois de ramadan, un mois dont le début est miséricorde, le milieu pardon, et dont la fin est « affranchissement du Feu de l’Enfer ».
C’est le mois du jeûne, le mois de la prière nocturne, le mois de la nuit du destin, le mois du Coran, de la piété, du pardon, de la bienfaisance, des aumônes et des victoires.
Le jeûne, s’il constitue l’un des piliers de l’Islam, se distingue par une particularité qui lui est propre. Celui qui accomplit une obligation comme la prière ou le pèlerinage, peut voir son action entachée par l’ostentation : il agit sous le regard des autres, et son acte perd ainsi de sa valeur. Par contre, celui qui jeûne fait nécessairement preuve de sincérité, parce qu’il pourrait manger étant seul, et laisser les autres croire qu’il jeûne. Et c’est pourquoi Dieu a pris sur Lui de récompenser de la meilleure façon le jeûneur. Ce qu’indique le hadith qudsî rapporté par notre Prophète (SWS), où Dieu dit : « Tout action de l’enfant d’Adam lui appartient, sauf le jeûne : il M’appartient, et c’est Moi qui en donne la récompense. » Si donc toute bonne action est récompensée au décuple, la récompense du jeûne, elle, ne connaît pas de limite.
Il a été rapporté que le Messager de Dieu (SWS) a fait un sermon le dernier jour du mois de sha‘bân, et a dit : « O gens ! Est venu à vous un mois immense et béni, un mois qui comprend une nuit meilleure que mille mois, un mois dont Dieu a rendu obligatoire le jeûne, et surérogatoire la prière de la nuit. Celui qui se rapproche de Dieu par une bonne action, son acte est équivalent à une action obligatoire en dehors du ramadan, et celui qui accomplit pendant ce mois un acte obligatoire, son acte est équivalent à soixante-dix actes obligatoires en dehors du mois de ramadan. C’est le mois de la patience, et la patience a le Paradis pour récompense. Le mois de la consolation. Un mois pendant lequel croît la subsistance du croyant. » (Al-Bayhaqî, Ibn Mâja) Dans le sermon qu’il fit est mentionné le fait que celui qui donne au jeûneur de quoi rompre son jeûne pendant le mois de ramadan, voit ses péchés pardonnés, et Dieu l’affranchir du Feu de l’Enfer ; et celui qui donne à boire au jeûneur quand il rompt son jeûne, boira au fameux Bassin de l’audelà – al-Hawd –, et n’aura plus jamais soif.
Il y a cependant, mes frères et sœurs en Islam, deux façons d’accomplir le jeûne, l’une a peu de valeur, et l’autre fait de ce culte une action inestimable. L’une consiste simplement à s’abstenir de boire, de manger, et d’avoir des rapports pendant la journée. Il arrive alors que le jeûneur élève la voix et crie, profère des insultes ou les reçoive… C’est à ceux-là que le Messager de Dieu (SWS) adresse cette parole : « Le jeûne est une protection. Lorsque c’est donc le jour de jeûne de l’un d’entre vous, qu’il ne se montre pas indécent et qu’il ne vocifère pas. Et si quelqu’un 2 l’injurie, ou l’agresse, qu’il dise : « Je suis en état de jeûne ! Je suis en état de jeûne ! »
L’autre façon de jeûner, bénie entre toutes, est de ne pas s’abstenir seulement de boire, de manger, et d’avoir des relations, mais aussi de s’interdire de faire du mal à quiconque, de prier beaucoup la nuit, de réciter davantage le Coran, de multiplier les bonnes oeuvres. C’est pour ces jeûneurs que les portes du Paradis sont ouvertes, que les portes de l’Enfer sont scellées, comme nous le rapporte la tradition authentique.
Si donc mes frères et soeurs en Islam vous allez vous abstenir de boire et de manger, votre aliment essentiel sera alors la piété, le fait de craindre Dieu. Allah dit : « O vous qui avez cru ! Le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit à ceux qui vous ont précédés. Peut-être craindriezvous Dieu ! » (Coran, 2, 183) Le croyant se rapproche ainsi de la condition des anges, qui vivent dans le souvenir constant de la présence divine, dans l’adoration continue, et dans le fait de se consacrer exclusivement à Dieu. Le jeûneur parvient ainsi à maîtriser son âme instigatrice du mal – an-nafs al-ammâra bi -s-sû’ – en la privant de ce qui est à l’origine licite : la nourriture et la boisson, recherchant en cela l’agrément de Dieu.
Et combien est immense la joie de celui qui reçoit cet agrément de son Créateur, qui a dit : « Le jeûne M’appartient, et c’est Moi qui en donne la récompense ! » Dieu considère que le jeûne est un acte que l’adorateur accomplit avec sincérité, et c’est pourquoi Sa récompense sera à la mesure de cette sincérité.
Celui donc qui est en quête du bien de ce monde et du bien de l’au-delà, qu’il considère que le mois du jeûne est là, que les portes de la miséricorde et du Paradis sont ouvertes, et qu’il entre avec son jeûne par la porte de Ar-Rayyân, car comme nous l’enseigne la tradition authentique, il est une porte qui donne accès au Paradis, par laquelle n’entreront que les jeûneurs, et cette porte est appelée Ar-Rayyân.
Il a été rapporté que le Prophète (SWS) rompait son jeûne par des dattes fraîches, et s’il n’y avait pas de dattes fraîches, par des dattes sèches, et s’il n’y avait pas de dattes sèches, il buvait quelques gorgées d’eau. » (Abû Dâwûd, At-Tirmidhî) Il mangeait ces dattes en nombre impair, une, ou trois ou cinq dattes, car Dieu est impair et Il aime l’impair. Il consommait un léger repas, avant le fajr, dans la dernière partie de la nuit, et il disait (SWS) : « Prenez le repas du suhûr , car il est porteur de bénédiction. » (Al-Bukhârî, Muslim) Porteur de bénédiction parce qu’il donne des forces au croyant pendant le jour, ou parce qu’il lui donne l’habitude de se lever tôt et d’accomplir à l’heure la prière du matin, et de se rendre à la mosquée, ou encore parce que ce repas est béni d’une façon qui échappe à notre compréhension.
En revanche, le musulman qui délaisse le jeûne sans excuse valable s’expose à la plus forte des réprobations. Le Prophète (SWS) a dit : « Celui qui rompt le jeûne d’un jour du ramadan sans excuse valable ou sans être malade, ne saurait rattraper son jeûne, quand bien même il jeûnerait le reste de sa vie. »
Nous demandons à Allah qu’Il nous accorde de jeûner en ce mois, et qu’Il nous ouvre les portes du Paradis. Allâhumma âmîn !
Extrait du Bulletin du CIGE